jeudi 4 décembre 2014

Pour ou contre l'automatisation des écluses


publié par Michelle




POUR OU CONTRE ?


LE PARISIEN                                               Articles publiés le 20.05.2014


1. « La téléconduite nous fera perdre du temps »


José Laval, secrétaire de la Chambre nationale de la batellerie artisanale

Il a passé sa journée dans la cabine de sa péniche plutôt que derrière la barre, bien malgré lui. Amarré devant les portes closes de l'écluse de Varennes-sur-Seine, sous un soleil de plomb, José Laval n'a rien pu faire d'autre que prendre son mal en patience durant la grève du personnel VNF. « Je perds environ 1 000 € par jour quand je ne peux pas naviguer, se lamente le batelier. C'est énorme pour un artisan comme moi. Mais je ne peux rien faire d'autre, je suis totalement dépendant des écluses. Et, en attendant, ce sont les autres moyens de transports qui en profitent. »

Si le secrétaire de la Chambre nationale de la batellerie artisanale estime que « les éclusiers auraient pu trouver un autre moyen de faire grève », il les soutient « à 100 % sur le fond de leur démarche ». « Le système de téléconduite que VNF veut mettre en place sur la Petite Seine ( NDLR : de Montereau-Fault-Yonne à Nogent-sur-Seine) est une aberration, estime le capitaine de péniche, qui sillonne la Seine depuis plus de vingt ans. Je l'ai testé ailleurs et je suis sûr que ça nous fera perdre du temps. Un éclusier ne peut pas gérer trois écluses à la fois. Quand il y a une personne par poste, les choses se passent mieux. » En contrepartie, le batelier pourra utiliser les écluses quatorze heures par jour lorsque la téléconduite sera mise en place, contre dix heures seulement aujourd'hui. « Cela ne servira qu'aux grosses entreprises qui peuvent demander à leurs employés de naviguer à n'importe quelle heure, s'exclame José Laval. Mais moi j'ai une vie de famille, dix heures par jour me suffisent. VNF ferait mieux d'améliorer les conditions de navigation sur la Petite Seine avant de s'occuper de la télé conduite. »

2. Les éclusiers de la Seine s'opposent à l'automatisation
Hier, la majorité des dix écluses qui jalonnent la Seine dans le département ne fonctionnaient pas. Les péniches n'ont donc pas pu naviguer.
Cygnes, canards et petits bateaux de plaisance ont eu le champ libre hier, sur la Seine, en amont de Paris. Les centaines de péniches qui sillonnent d'habitude le fleuve ont été forcées de rester à quai à cause d'une grève des éclusiers. En Seine-et-Marne, la quasi-totalité des dix écluses du département n'ont pas fonctionné de la journée à l'appel d'une intersyndicale de Voies navigables de France (VNF).
Un mouvement national qui vise notamment à mettre fin à une politique de réduction des effectifs.          Celle-ci passe notamment par la mise en place d'automatisation des ouvrages gérés par VNF, dont les grévistes demandent également l'arrêt. La mobilisation a été « particulièrement forte » en Seine-et-Marne, d’après la VNF, qui ne compte que 13 % de grévistes dans le bassin de la Seine.


Un nouveau système mis en place d’ici 2016

       De nombreux éclusiers du département se sont mobilisés, car ils seront les premiers touchés par la vague de modernisation. Un système de téléconduite va être mis en place d'ici à 2016 sur les écluses de la Petite Seine, entre Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et Nogent-sur-Seine (Aube). Les employés de VNF ne travailleront plus depuis leurs cabines de pilotage installées sur les barrages, mais depuis un poste de contrôle. « Cela permettra d'augmenter le trafic en gardant la même quantité de personnel, assure Alain Monteil, directeur de la direction territoriale du bassin de la Seine. » Mais les éclusiers estiment notamment que leur délocalisation va « entraîner des lenteurs » et « augmentera le risque d'accidents ». « Le projet, en l'état, est trop dangereux, assène l'un d'eux. Comment fera-t-on en cas de crue ? » Les négociations menées hier entre syndicats et direction n'ont pas abouti. La grève est donc reconduite aujourd'hui et pourrait durer jusqu'à mercredi midi.


3. Article publié dans le journal L’INDEPENDANT
             
                                                29 novembre 2014
Les premiers rayons de soleil arrivent enfin et la saison touristique démarre doucement sur le canal du midi. L'axe de tourisme fluvial qu'est le canal du Midi et ses 10 000 bateaux par an, dont 7 000 sur Trèbes, va voir son activité aller crescendo au fil des semaines. C'est le moment pour les éclusiers de retrouver leurs postes. Du 1er novembre à la mi-mars, ils effectuent les travaux d'entretien et de réparation, c'est la période de chômage du canal, issue d'un terme de batellerie très ancien qui signifie tout arrêt de navigation et d'alimentation. Ce métier d'éclusier a subi une mutation importante. Jusqu'aux années 1990, le passage de l'écluse se faisait manuellement. De grandes familles d'éclusiers vivaient sur place et bien souvent de père en fils, ils faisaient passer les bateaux en tournant de lourdes manivelles.                                        
Une importante mutation                                                                                                                                      
Après 1990, la mécanisation des écluses est intervenue et un petit moteur et son boîtier qui lève les portes autour de la taille de l'éclusier ont remplacé ces manivelles. Cette phase d'automatisation a vu le travail se moderniser : l'homme s'est mis aux manettes et aujourd'hui, l'éclusier est là pour accueillir, surveiller et faire en sorte que le passage à l'écluse du bateau et de ses occupants se fasse en toute sécurité. Il est responsable du fonctionnement de l’écluse à laquelle il est affecté et participe aux travaux d’entretien. Il réceptionne les avis de mouvement des bateaux quittant l'écluse précédente ; il émet lui-même les avis de mouvement des bateaux quittant son écluse et tient le registre de leur passage. Il informe aussi la gendarmerie fluviale de tout cas de pollution. Il accueille les usagers (mariniers et touristes)  Il contrôle les vignettes autorisant les plaisanciers à circuler sur le réseau des Voies Navigables de France (VNF)

Bientôt un concours
L'éclusier est un agent d'exploitation et d'entretien assurant la navigation, veillant au niveau de l'eau et surveillant le domaine public fluvial. Dans les prochaines années, les éclusiers seront des agents fonctionnaires d'Etat, reçus sur concours administratif, relevant de l'exploitation des voies navigables, tout simplement.
 4.Témoignage d’un éclusier ravi de l’automatisation
Philippe est éclusier sur le Canal de Briare depuis 1980. Cette écluse, il la connaît bien : il y est né ! Après un BEP de mécanique générale, il a pris la succession de son père puis a passé un concours interne  qui lui a permis d’être titularisé sur son poste en tant qu’agent d’exploitation.

« J’ai toujours souhaité être éclusier : c’est un choix de vie. J’aime cet endroit et je fais en sorte que les gens de passage l’apprécient aussi : il y a des fleurs, des couleurs, c’est propre et accueillant. Lorsque j’ai débuté, l’écluse était manuelle. Aujourd’hui tout est automatisé : le travail est moins physique et l’on peut consacrer plus de temps et d’attention à nos visiteurs. Les relations humaines font tout autant partie de mon travail que les travaux d’entretien et autres tâches plus techniques. Lorsqu’un bateau arrive, je l’accueille et veille à ce qu’aucun incident ne survienne (problèmes d’amarrage, problèmes techniques d’ouverture et de fermeture… 3Pendant leurs 7-8 mn de stationnement entre les portes de l’écluse, je vérifie s’ils ont leur vignette de navigation, les papiers du bateau et je remplis un registre de passage. Les renseignements permettront par la suite d’établir des statistiques sur le trafic fluvial. Les passages d’écluses se font entre 6h30 et 19h30. Sur un écran d’ordinateur, on peut suivre le fonctionnement des écluses et le trafic de bateaux sur le tronçon des 8 écluses qui nous concerne : à chaque ouverture de portes, le passage est automatiquement enregistré. En plus du personnel sur écluse, il existe également une surveillance voiture sur le chemin de halage. Le rythme de l’écluse varie selon le trafic des bateaux : d’avril à octobre c’est la saison la plus active, notamment grâce au tourisme (90 % du trafic). Pendant l’autre moitié de l’année, le trafic est plus faible, c’est la période dite "de chômage". On en profite alors pour entretenir le canal et l’écluse et entreprendre des travaux d’importance : on nettoie, on cure... on casse aussi la glace en hiver ! »
                                                                                         
 Agence de l’eau, site des juniors


Ecluse automatisée de Moret

mardi 2 décembre 2014

Poème La revendication des canaux



publié par Patrick

La revendication des canaux

Les canaux ont dit : «  Nous avons plein le dos,
Nous avons plein le dos d'être des canaux latéraux.
Oh !d'abord, sortir d'une source,
Une source, avec de la mousse,
Et des petites fleurettes autour,
Et des bergers qui parleraient d'amour!...
Mais de bergers, de bergères, bernique !...
Nos Naïades et nos Tritons sont
Des ingénieurs des Chaussées et des Ponts :
Et nous sortons de l'Ecole Polytechnique.
On aggrave encore notre sort
En nous affublant de noms à coucher dehors,
De noms dénués de toute poésie :
Nous ne prétendons pas qu'on nous dise Voulzie,(1)
Mais enfin était-il besoin
De nous appeler les canaux de l'Ourcq ou du Loing!...
Et les écluses, non, mais, les écluses !...
Croyez-vous que ça nous amuse ?
Tantôt en bas, tantôt en l'air,
 Montagnes sinistrement russes
C'est à nous donner le mal de mer,
Les écluses !...
Ah ! Pouvoir parmi les prés
Serpenter à notre gré,
Faire des circuits, des zigzags,
Avoir des tourbillons, des vagues,
Déborder aussi quelquefois :
Ah ! Ne plus marcher toujours droit !
Regrets superflus, plaintes vaines,
Aujourd'hui, tout comme demain,
Comme hier, comme après-demain,
Et les jours des autres semaines,
Nous suivons le même chemin
Rectiligne, sans imprévu, toujours le même :
Car nous sommes les mornes canaux,
Aux rives monotones et tristes,
Que des ingénieurs peu artistes
Tracèrent, en s'appliquant, avec leurs niveaux
Et nous berçons notre mélancolie
Au rythme lent du pas des ânes et des mulets,
Qui traînent les bateaux plats, pesants et laids,
Chargés de charbon ou de poteries. »


                              Maurice Etienne Legrand dit ( Franc- Nohain) 1872-1934

(1) La Voulzie est un rivière de Seine et Marne qui prend sa source à  Voulton, 8kms au nord de Provins, traverse la ville et se jette dans la Seine à Saint Sauveur les Bray (43,90 km de cours )