dimanche 30 avril 2017

Croisière sur le canal du Loing


Article publié par Christine

Croisière sur le canal du Loing et le Loing entre Moncourt – Fromonville, Nemours et Chaintreauville en direction de Bagneaux

Le jeudi 20 avril le groupe Patrimoine de l’eau de l’UIA de Melun embarque sur Le Zia, vedette panoramique, avec Michel le pilote et les commentaires de Maria et de son mari « le cascadeur » qui assure les manœuvres dans les écluses, pour un voyage aller et retour à partir du port fluvial de Moncourt-Fromonville près du pont de Grez-sur-Loing. La vedette panoramique du Loing permet de découvrir confortablement le paysage depuis l’eau en remontant le cours du canal puis du Loing et à nouveau du canal jusqu’à l’écluse de Chaintreauville entre Nemours et Bagneaux-sur Loing.

Le cours du Loing, affluent de la Seine orienté Sud-Nord, est emprunté par les hommes comme voie de circulation depuis l’antiquité et considéré comme navigable de Montargis à Saint-Mammès (confluent avec la Seine) à la descente. Les nombreux moulins exploitant l’énergie hydraulique sont implantés sur des barrages entravant le passage des bateaux qui doivent franchir les pertuis aménagés par les meuniers.
A l’aube du XVIIème siècle Henri IV soucieux de ravitailler les parisiens par voie fluviale décide de financer les travaux permettant de relier bassin de la Loire et bassin de la Seine par le Canal de Briare qui est le premier canal en France à franchir une ligne de partage des eaux. En 1642 le Canal de Briare (57km) assure la liaison entre la Loire à Briare et le Loing à Montargis. Les bateaux affluent sur cet axe avec une navigation sécurisée par des écluses pour la première partie mais beaucoup plus hasardeuse sur le Loing et les mariniers revendiquent un aménagement canalisé du Loing ce qui ne sera réalisé qu’en 1724. C’est le Duc d’Orléans, Régent de Louis XV qui prend la décision de cette construction à ses frais et en perçoit les taxes et péages ; il en sera dépossédé à la révolution et finalement l’Etat en devient propriétaire en 1861. Le canal latéral au Loing (49km et 20 écluses) est alimenté en eau par le Loing dont il emprunte transitoirement le cours à la sortie de Nemours et de Moret-sur-Loing. Il a été mis au gabarit Freycinet en 1880. Péniche Freycinet 38,50m de long 5,05m de large, actuellement le plus petit gabarit mais le seul adapté à circuler sur le Canal de Briare et celui du Loing.

L’axe Canal de Briare-Canal latéral au Loing a été conçu à l’origine comme permettant le transit rapide de marchandises du bassin de Loire vers Paris qui ne doit pas être entravé par des péniches dans les ports. Néanmoins les communes riveraines du Loing ont rapidement su mettre à profit la voie d’eau pour y faire circuler des matières premières et des productions industrielles locales. C’est ainsi que sur le tronçon que nous allons parcourir on dénombre, à la fin du XIXème siècle, pas moins de cinq ports dédiés au chargement du sable siliceux du massif de le Forêt de Fontainebleau.

A Moncourt la vedette part du port au sable où était chargé sur les péniches le sable de la Société des sablières de Bourron créée en 1911. Une ligne ferrée à voie étroite, locomotives à vapeur puis locotracteurs, ayant desservi ce terminus sur le canal de 1919 à 1969. Le sable est stocké au bord du canal et les péniches chargées à la brouette.
On passe sous le pont au tablier métallique ; dynamité par les français en 1940 il était dans l’axe du bar de la Marine (le seul subsistant des nombreux bars-restaurant où les mariniers peuvent faire halte) ; le pont est reconstruit dans un premier temps avec des rondins puis le pont actuel a été réalisé avec un élément du pont de Chartrettes quand ce dernier a été refait en béton.
Personnage célèbre du quartier de la Boissière, proche du Pont, Patricia Highsmith romancière américaine (décédée en 1995) dont le premier roman L’inconnue du Nord Express a été adapté ensuite comme bien d’autres au cinéma. Elle réside quelques années, jusqu’en 1981, dans une de ces maisons desservies par un cour commune ; cette cour porte aujourd’hui son nom. L’histoire rapporte que pour écrire une terrible nouvelle sur les escargots, elle éleva de gros bourgognes pendant plusieurs mois. Et les riverains pensent avoir retrouvé ensuite dans leurs jardins quelques-uns de ces escargots !


Depuis le bateau on découvre le Château de Moncourt entouré d’un parc à la française. En 1886 le propriétaire M. Emile Louis Richemond (régent de la Banque de France) rebâtit et aménage pour la famille jusqu’en 1976 année où il fut vendu à la Caisse des Dépôts et Consignations. La municipalité en fait l’acquisition et la mairie y est transférée en mai 1997. C’est un lieu de vie avec de nombreux équipements municipaux.
Un peu plus loin, avant la passerelle, subsiste le quai d’un second port au sable où était chargé le sable des carrières de Darvault. Ce sable était d’une grande qualité, il a été utilisé au Japon pour des périscopes de sous-marins vers 1908-1910. L’acheminement par voie ferrée au canal date de 1894. Pas de stockage, les wagonnets sont vidés directement dans la péniche. Cessation d’activité en 1930

L’écluse de Fromonville est désaffectée dans les conditions normales de navigation elle peut être utilisée en cas de crue du Loing.
Edifié sur le bord du Canal à Fromonville, l’auberge « Le chaland qui passe » a cessé ses activités. C’était un relais de marinier sans écurie

Nous allons alors emprunter le cours du Loing et en nous retournant on distingue le Moulin Rouge édifié sur le Loing avec le barrage. Les canoés peuvent naviguer sur le Loing mais sont interdits sur le canal. Le Loing est une des rivières les plus poissonneuse de France.


Passage sous le pont à haubans Charles Hochart (construit en 1997 à l’initiative du Conseiller Municipal puis Conseiller Général décédé en 2005). Ce pont permet un contournement de Nemours rejoignant l’échangeur d’autoroute. 

Le Port Hochart et ses silos à grains ventilation et séchoir) est imposant. Il traite en un an 3500 t de colza (vers Nogent-sur-Seine pour du diester et de l’huile), 2000 t de maïs, 15000 t de blé (Grand Moulins de Paris Genevilliers), 3500 t de blés de qualité supérieure et environ 20000 t d’orge de brasserie. Les silos sont équipés pour charger les camions côté rue et les péniches côté canal du Loing. Il peut permettre le chargement de quatre péniches par jour qui peuvent transporter 250 tonnes de céréales soit l’équivalent de 10 à 14 camions. Environ 80 bateaux par an utilisent ces silos. Le colza part à Nogent sur Seine, le maïs part en Belgique, les diverses qualités de blés vont aux Grands Moulins de Paris.
Ce port aux céréales a été édifié sur l’emplacement du terminal d’un train à voie étroite appartenant à la C.I.S.N. Compagnie Industrielle des Sables de Nemours qui en 1885 regroupe les productions de nombreuses carrières et en particulier de celle de Bonnevault (territoire de Larchant). L’ouverture de cette carrière remonte à 1753 en même temps que l’autorisation donnée par Louis XV d’ouvrir la Verrerie Royale de Bagneaux pour y produire du verre à vitres et des bouteilles. Jusqu’en 1885 le sable était acheminé par tombereaux jusqu’au premier port au Sable de Nemours près du Pont de Paris que nous évoquerons ultérieurement, le tacot cessera ses activités en 1968 au profit du camionnage. Cette carrière de Bonnevault est toujours en exploitation.


La vedette quitte alors le Loing pour emprunter l’écluse des Buttes qui permet d’accéder au canal dans le contournement de Nemours. Immédiatement après l’écluse rive droite une bâtisse imposante : la maison du receveur qui percevait taxes et amendes pour le compte du duc d’Orléans ; actuellement les bureaux des Voies Navigables de France y sont installés.


Puis rive gauche la halte fluviale de Nemours où les bateaux peuvent stationner 72 heures.


On passe sous le pont de Paris puis toujours en remontant dans un secteur portuaire destiné au sable de certains exploitants autour d’Ormesson et de Puiselet. Après être passé sous le pont Saint-Pierre nous poursuivons vers l’écluse de Chaintreauville. Le Loing est proche de nous et c’est à ce niveau qu’un bras a été détourné pour alimenter en eau les Petits Fossés qui ceinturent Nemours constituant à l’origine un élément de fortification incluant le château au bord du Loing et les habitations construites à proximité.


Nous faisons demi-tour pour revenir sur le Loing que l’on va remonter vers le château de Nemours. La passerelle qui franchit le canal et le Loing a été rénovée, elle sert de support à la voie du vélo route qui relie la Norvège à Saint Jacques de Compostelle 5122 km (dont 1600 km en France).
Sur la berge s’étend Le Champ de Mars qui est un champ de foire et un parking, vaste espace ombragé qui permet aussi de réaliser brocantes et fêtes. C’est à ce niveau que débouchent en aval les Petits Fossés qui, déviés à partir du Loing, ceinturent Nemours.


Le pont de Nemours détérioré lors de la crue de 1770 a été construit entre 1796 et 1804. Il a été emprunté par le pape Pie VII pour se rendre au sacre de Napoléon.  L’église Saint Jean Baptiste du XIIème siècle a été construite par Guillaume de Champagne archevêque de Sens. Le château, que l’on aperçoit, date de la même époque ; après la Révolution il revient à la ville, actuellement Musée des Beaux-Arts où se déroulent de nombreuses expositions.


Des personnages illustres à découvrir ont marqué la vie locale tel
Impossible de ne pas évoquer celui qui est à l’origine de la fondation aux USA de l’entreprise Du Pont de Nemours Eleuthère Iréné Du Pont de Nemours. La référence à Nemours avait été rattachée à son nom par son père, anobli en 1784, et élu à l’Assemblée Constituante en 1789 ; le père travaille avec Lavoisier qui est alors Superintendant de la Régie Royale des poudres et salpêtres ; emprisonné à la veille de Thermidor il échappe à la guillotine et décide en 1799 de partir aux Etats-Unis avec son fils. Ils y développent alors cette industrie chimique de renommée mondiale. La Société a été fondée en 1802 elle poduit de la dynamite pour l’armée américaine puis deviendra experte dans des matériaux innovants comme la cellulose, les polyesters, le nylon, …
Etienne Bezout est né à Nemours en 1730 et mort aux Basses Loges, dans la paroisse d’Avon en 1783. C’est un mathématicien dont les travaux sont passés à la postérité.
Etienne Dailly Maire de Moncourt-Fromonville 1957-1965, puis de Nemours 1965-1977, sénateur de Seine-et-Marne 1959-1995, Président du Conseil général de Seine-et- Marne 1967-1979, vice-président du Sénat 1968-1995. Décédé en décembre 1996.
Des séjours à Nemours pour Honoré de Balzac, Victor Hugo,

















vendredi 21 avril 2017

Visite du Port de Thomery

Article publié par Pascale


Visite commentée par Michel Pons  à Thomery de la Salle de la Plage au port d’Effondré, le jeudi 20 Avril 2017

Nous commençons notre promenade à l’endroit où aboutit la Route Ronde au lieudit « le Puisoir » ou « pizoir », c’est à dire abreuvoir






Ici étaient les Bains du Roi cités dans les Confessions de Jean Jacques Rousseau ; il évoque la cantate des Bains de Thomery
La Seine a été canalisée en 1870
Avant c’était un fleuve sauvage avec des îles, des hauts fonds, des bancs de sable dans lesquels les bateaux, dont les coches d’eau, risquaient de « s’engraver ».
Le débit était irrégulier
Parfois la Seine avait une hauteur de 70 cm
Et donc en ces cas il n’y avait aucun trafic sur la Seine par manque d’eau
Pour élever le niveau de l’eau durant quelques heures, on lâchait de l’eau à partir de la Seine ou de l’Yonne
L’artiste Eugène Cuvelier vécut à Thomery, ami de Rosa Bonheur, aux Bains du Roi où il avait son atelier de photographie
 En 1990 Cuvelier est exposé à Stuttgart puis New York
Au Musée d’Orsay on a pu  admirer ses œuvres à l’exposition« La forêt un atelier grandeur nature »
Il épouse la deuxième fille des propriétaires de l’Auberge Ganne et est enterré à Thomery
En face on pouvait voir les Pressoirs du Roi [les pressoirs ont disparu depuis longtemps]
François Ier en chassant le cerf, a soif, et boit un vin qui lui plait, alors il achète en ce lieu 50 arpents de terre, y plante des vignes
Ici se trouve un gué avec des hauts fonds
A la première canalisation de la Seine on trouve des gués :
Le gué de Saint Aubin qui est pavé , devant le Château de la Rivière
Le gué de Champagne , puis on y fera passer un bac et enfin un pont
Ici le gué des Pressoirs sera remplacé par un passeur avec un  batelet
Fin XVIII ème un coche d’eau transporte de Paris à Nogent  et de Paris à Sens et Auxerre sur l’Yonne
Voir le premier chapitre de l’Education Sentimentale de Flaubert
Ici nous sommes sur une rive convexe qui s’ensable
C’est un passeur qui fait le service de coche
.François Ier plante différentes vignes en 1533 à Thomery Champagne Samoreau
Henri IV aurait dit à Thomery « ici tout me rit » d’où l’origine du nom, mais c’est une légende
Le nom est antérieur et est Thomériacum
Ry viendrait de la déesse Rita qui veut dire gué
Un ingénieur de la navigation a noté les hauteurs d’eau avec le profil de la rivière et ses cuvettes et hauts fonds
Ce sont les pupilles de la Nation qui sont logés aux Pressoirs .En 1920 est créée l’œuvre des Pupilles puis l’Ecole de Pittsburg. Et ce sont une Ecole d’Agriculture et une Ecole d’Horticulture. Les Pressoirs du roi font partie de la Fondation Fabre Luce.


Nous arrivons au port d’Effondré .Avant c’était le hameau d’Effondré .En 1778, l’habitat est localisé .Il existe trois hameaux :Effondré, Thomery et By
Deux ports fonctionnent celui de By et celui d’Effondré
Effondré est le seul port pavé en 1843


Avant c’était une grève
Dans la Rue du Port , la pente était forte et les terres descendaient jus ‘à la Seine en formant un cône de déjection
La rive est convexe et s’ensable et on s’y baigne
Pour se souvenir « dans la rive concave le fleuve creuse des caves »
En 1380 en la Seigneurerie de Thomery et Effondré sont perçues des taxes sur les bateaux de vins passant au port d’Effondré
Au XVI ème siècle , ce sont des chargements de briques qui se font vers Paris
Il y eut une briqueterie à Effondré du XVI ème au XVII ème
Au XVII ème sur les côteaux ce sont des céréales
Au XVIII ème ce sont des vignes à vin et des arbres fruitiers
Les fruits sont chargés au Port d’Effondré vers le Port aux fruits de Paris qui se situait au niveau du Boulevard Morland, le bras de Seine fût ensuite comblé .Puis ce fût au Quai de la Tournelle, au Port des Miramiones. Maintenant c’est le Musée de l’Assistance Publique
En 1850 , ce sera au Quai de l’Hôtel de Ville .
Deux ports existaient pour charger les fruits de Thomery : By et Effondré
En 1841 les viticulteurs demandent le pavage du port qui est réalisé en 1843
Des pommiers poussent sur le coteau
Mais ce n’est pas suffisant , et il faut acheter des récoltes sur pied en Auvergne, Touraine, et Anjou .Il faut un voyage en Mai pour acheter les pommes et un voyage en Novembre pour aller chercher les pommes
Sur la Seine on descend par le courant gratuitement et on remonte en halant
Sur la Loire on descend par le courant et on remonte par le vent (la galerne)
Les pommes étaient entreposées dans les caves
En hiver les hommes  descendaient les pommes. Seuls les toues ou les margotats (bateaux de Thomery) pouvaient descendre en hiver, de la reinette et de la Calville
En 1730 François Charmeux palisse une treille de chasselas comme la treille du Roy.
Ce sont des murs de pierres et de terre.

Le chasselas peut parvenir à maturité avant l’automne grâce à ces murs « accumulateurs de chaleur »
Il existe 250 km à 300 km de murs « chauffants »  en 1900
C’est à la Révolution que l’on construit les murs jusqu’en 1850
Donc le volume de raisin augmente et le volume de pommes diminue
Et la transition se fait en 50 ans
Des maçons viennent de la Creuse  des environs de Gueret (Glénic) et s’établissent
Au XVIII ème ce sont des vignerons, puis au XIX ème ce sont des viticulteurs, des marchands de fruits, puis des cultivateurs
Le chasselas est transporté en panier par les marchands de fruits puis les mariniers, puis les marchands forains(ils changent de nom avec la fonction)
En 1843 le port est pavé, et  en 1849 Napoléon inaugure la ligne de chemin de fer du PLM
Il faut une heure de trajet en train, et 12 heures en bateau !
Les « conservateurs » continuent à utiliser les bateaux jusqu’en 1860 et les « novateurs » utilisent le chemin de fer
Donc le port pavé est désaffecté en 1860 où c’est la fin du port aux fruits
Il y a un garde port
Du XVII ème au XIX ème la Seine est une autoroute fluviale, donc les façades des maisons doivent être belles. On parle de chaas de logis (unité de mesure de la longueur de la poutre)
Dans la cour on cache les bâtiments et le matériel d’exploitation
Sont construit le château de la Rivière, et de nombreux hôtels particuliers comme au N° 109 de la Rue Sadi Carnot
Voir le film « Contes de Printemps » de Eric Rohmer
L’Auberge l’Arpenteur où Joséphine de Beauharnais se réfugie à Fontainebleau après avoir été répudiée

Joséphine et Napoléon ont gravi cet escalier pour y déguster des matelotes d’anguilles
Puis entre 1900 et 1980 , c’est le lent déclin du chasselas
La viticulture est remplacée par le développement du tourisme et de la villégiature dont la Plage de Thomery est un élément important
Et vont se construire des hôtels et pensions de famille vers 1930 , entre les deux guerres
En 1848 on pratique la « conservation du raisin à rafle fraîche »  et le raisin est frais jusqu’en avril ou mai
On l’entrepose dans des chambres à raisin , au grenier, sur un lit de fougère
Puis au rez de chaussée avec des flacons pour raisin.

Pour de plus amples renseignements voir la documentation de Michel Pons dont :
-Publication « Thomery, patrimoine viticole », « Aspects de Thomery sous l’Ancien Régime » Vol 1 .Association de Préfiguration du Musée de la Vigne-Thomery(S&M)
-et en DVD « Les ports aux fruits »