Article publié par Christine
Croisière sur le
canal du Loing et le Loing entre Moncourt – Fromonville, Nemours et
Chaintreauville en direction de Bagneaux
Le jeudi 20 avril le
groupe Patrimoine de l’eau de l’UIA de Melun embarque sur Le Zia, vedette
panoramique, avec Michel le pilote et les commentaires de Maria et de son mari
« le cascadeur » qui assure les manœuvres dans les écluses, pour un
voyage aller et retour à partir du port fluvial de Moncourt-Fromonville près du
pont de Grez-sur-Loing. La vedette panoramique du Loing permet de découvrir
confortablement le paysage depuis l’eau en remontant le cours du canal puis du
Loing et à nouveau du canal jusqu’à l’écluse de Chaintreauville entre Nemours
et Bagneaux-sur Loing.
Le cours du Loing,
affluent de la Seine orienté Sud-Nord, est emprunté par les hommes comme voie
de circulation depuis l’antiquité et considéré comme navigable de Montargis à
Saint-Mammès (confluent avec la Seine) à la descente. Les nombreux moulins
exploitant l’énergie hydraulique sont implantés sur des barrages entravant le
passage des bateaux qui doivent franchir les pertuis aménagés par les meuniers.
A l’aube du XVIIème
siècle Henri IV soucieux de ravitailler les parisiens par voie fluviale décide
de financer les travaux permettant de relier bassin de la Loire et bassin de la
Seine par le Canal de Briare qui est le premier canal en France à franchir une
ligne de partage des eaux. En 1642 le Canal de Briare (57km) assure la liaison
entre la Loire à Briare et le Loing à Montargis. Les bateaux affluent sur cet
axe avec une navigation sécurisée par des écluses pour la première partie mais
beaucoup plus hasardeuse sur le Loing et les mariniers revendiquent un
aménagement canalisé du Loing ce qui ne sera réalisé qu’en 1724. C’est le Duc
d’Orléans, Régent de Louis XV qui prend la décision de cette construction à ses
frais et en perçoit les taxes et péages ; il en sera dépossédé à la
révolution et finalement l’Etat en devient propriétaire en 1861. Le canal
latéral au Loing (49km et 20 écluses) est alimenté en eau par le Loing dont il
emprunte transitoirement le cours à la sortie de Nemours et de Moret-sur-Loing.
Il a été mis au gabarit Freycinet en 1880. Péniche Freycinet 38,50m de long
5,05m de large, actuellement le plus petit gabarit mais le seul adapté à
circuler sur le Canal de Briare et celui du Loing.
L’axe Canal de
Briare-Canal latéral au Loing a été conçu à l’origine comme permettant le
transit rapide de marchandises du bassin de Loire vers Paris qui ne doit pas
être entravé par des péniches dans les ports. Néanmoins les communes riveraines
du Loing ont rapidement su mettre à profit la voie d’eau pour y faire circuler
des matières premières et des productions industrielles locales. C’est ainsi
que sur le tronçon que nous allons parcourir on dénombre, à la fin du XIXème
siècle, pas moins de cinq ports dédiés au chargement du sable siliceux du
massif de le Forêt de Fontainebleau.
A Moncourt la vedette
part du port au sable où était chargé sur les péniches le sable de la Société
des sablières de Bourron créée en 1911. Une ligne ferrée à voie étroite, locomotives
à vapeur puis locotracteurs, ayant desservi ce terminus sur le canal de 1919 à
1969. Le sable est stocké au bord du canal et les péniches chargées à la
brouette.
On passe sous le pont
au tablier métallique ; dynamité par les français en 1940 il était dans l’axe
du bar de la Marine (le seul subsistant des nombreux bars-restaurant où les
mariniers peuvent faire halte) ; le pont est reconstruit dans un premier
temps avec des rondins puis le pont actuel a été réalisé avec un élément du
pont de Chartrettes quand ce dernier a été refait en béton.
Personnage célèbre du
quartier de la Boissière, proche du Pont, Patricia Highsmith romancière
américaine (décédée en 1995) dont le premier roman L’inconnue du Nord Express a
été adapté ensuite comme bien d’autres au cinéma. Elle réside quelques années,
jusqu’en 1981, dans une de ces maisons desservies par un cour commune ; cette
cour porte aujourd’hui son nom. L’histoire rapporte que pour écrire une
terrible nouvelle sur les escargots, elle éleva de gros bourgognes pendant
plusieurs mois. Et les riverains pensent avoir retrouvé ensuite dans leurs
jardins quelques-uns de ces escargots !
Depuis le bateau on
découvre le Château de Moncourt entouré d’un parc à la française. En 1886 le
propriétaire M. Emile Louis Richemond (régent de la Banque de France) rebâtit
et aménage pour la famille jusqu’en 1976 année où il fut vendu à la Caisse des
Dépôts et Consignations. La municipalité en fait l’acquisition et la mairie y
est transférée en mai 1997. C’est un lieu de vie avec de nombreux équipements
municipaux.
Un peu plus loin,
avant la passerelle, subsiste le quai d’un second port au sable où était chargé
le sable des carrières de Darvault. Ce sable était d’une grande qualité, il a
été utilisé au Japon pour des périscopes de sous-marins vers 1908-1910.
L’acheminement par voie ferrée au canal date de 1894. Pas de stockage, les
wagonnets sont vidés directement dans la péniche. Cessation d’activité en 1930
L’écluse de
Fromonville est désaffectée dans les conditions normales de navigation elle
peut être utilisée en cas de crue du Loing.
Edifié sur le bord du
Canal à Fromonville, l’auberge « Le chaland qui passe » a cessé ses
activités. C’était un relais de marinier sans écurie
Nous allons alors
emprunter le cours du Loing et en nous retournant on distingue le Moulin Rouge édifié
sur le Loing avec le barrage. Les canoés peuvent naviguer sur le Loing mais
sont interdits sur le canal. Le Loing est une des rivières les plus
poissonneuse de France.
Passage sous le pont
à haubans Charles Hochart (construit en 1997 à l’initiative du Conseiller Municipal
puis Conseiller Général décédé en 2005). Ce pont permet un contournement de
Nemours rejoignant l’échangeur d’autoroute.
Le Port Hochart et
ses silos à grains ventilation et séchoir) est imposant. Il traite en un an
3500 t de colza (vers Nogent-sur-Seine pour du diester et de l’huile), 2000 t
de maïs, 15000 t de blé (Grand Moulins de Paris Genevilliers), 3500 t de blés
de qualité supérieure et environ 20000 t d’orge de brasserie. Les silos sont
équipés pour charger les camions côté rue et les péniches côté canal du Loing. Il
peut permettre le chargement de quatre péniches par jour qui peuvent
transporter 250 tonnes de céréales soit l’équivalent de 10 à 14 camions.
Environ 80 bateaux par an utilisent ces silos. Le colza part à Nogent sur
Seine, le maïs part en Belgique, les diverses qualités de blés vont aux Grands
Moulins de Paris.
Ce port aux céréales a
été édifié sur l’emplacement du terminal d’un train à voie étroite appartenant
à la C.I.S.N. Compagnie Industrielle des Sables de Nemours qui en 1885 regroupe
les productions de nombreuses carrières et en particulier de celle de
Bonnevault (territoire de Larchant). L’ouverture de cette carrière remonte à
1753 en même temps que l’autorisation donnée par Louis XV d’ouvrir la Verrerie
Royale de Bagneaux pour y produire du verre à vitres et des bouteilles. Jusqu’en
1885 le sable était acheminé par tombereaux jusqu’au premier port au Sable de
Nemours près du Pont de Paris que nous évoquerons ultérieurement, le tacot
cessera ses activités en 1968 au profit du camionnage. Cette carrière de
Bonnevault est toujours en exploitation.
La vedette quitte
alors le Loing pour emprunter l’écluse des Buttes qui permet d’accéder au canal
dans le contournement de Nemours. Immédiatement après l’écluse rive droite une
bâtisse imposante : la maison du receveur qui percevait taxes et amendes
pour le compte du duc d’Orléans ; actuellement les bureaux des Voies
Navigables de France y sont installés.
Puis rive gauche la
halte fluviale de Nemours où les bateaux peuvent stationner 72 heures.
On passe sous le pont
de Paris puis toujours en remontant dans un secteur portuaire destiné au sable de
certains exploitants autour d’Ormesson
et de Puiselet. Après être passé sous le pont Saint-Pierre nous poursuivons
vers l’écluse de Chaintreauville. Le Loing est proche de nous et c’est à ce
niveau qu’un bras a été détourné pour alimenter en eau les Petits Fossés qui
ceinturent Nemours constituant à l’origine un élément de fortification incluant
le château au bord du Loing et les habitations construites à proximité.
Nous faisons demi-tour pour revenir sur le Loing que l’on va remonter
vers le château de Nemours. La passerelle qui franchit le canal et le Loing a
été rénovée, elle sert de support à la voie du vélo route qui relie la Norvège
à Saint Jacques de Compostelle 5122 km (dont 1600 km en France).
Sur la berge s’étend Le Champ de Mars qui est un champ de foire et un
parking, vaste espace ombragé qui permet aussi de réaliser brocantes et fêtes.
C’est à ce niveau que débouchent en aval les Petits Fossés qui, déviés à partir
du Loing, ceinturent Nemours.
Le pont de Nemours détérioré lors de la crue de 1770 a été construit
entre 1796 et 1804. Il a été emprunté par le pape Pie VII pour se rendre au
sacre de Napoléon. L’église Saint Jean
Baptiste du XIIème siècle a été construite par Guillaume de Champagne
archevêque de Sens. Le château, que l’on aperçoit, date de la même
époque ; après la Révolution il revient à la ville, actuellement Musée des
Beaux-Arts où se déroulent de nombreuses expositions.
Des personnages illustres à découvrir ont marqué la vie locale tel
Impossible de ne pas évoquer celui qui est à l’origine de la fondation
aux USA de l’entreprise Du Pont de Nemours Eleuthère Iréné Du Pont de Nemours. La
référence à Nemours avait été rattachée à son nom par son père, anobli en 1784,
et élu à l’Assemblée Constituante en 1789 ; le père travaille avec
Lavoisier qui est alors Superintendant de la Régie Royale des poudres et
salpêtres ; emprisonné à la veille de Thermidor il échappe à la guillotine
et décide en 1799 de partir aux Etats-Unis avec son fils. Ils y développent
alors cette industrie chimique de renommée mondiale. La Société a été fondée en
1802 elle poduit de la dynamite pour l’armée américaine puis deviendra experte
dans des matériaux innovants comme la cellulose, les polyesters, le nylon, …
Etienne Bezout est né à Nemours en 1730 et mort aux Basses Loges, dans la
paroisse d’Avon en 1783. C’est un mathématicien dont les travaux sont passés à
la postérité.
Etienne Dailly Maire de Moncourt-Fromonville 1957-1965, puis de Nemours
1965-1977, sénateur de Seine-et-Marne 1959-1995, Président du Conseil général
de Seine-et- Marne 1967-1979, vice-président du Sénat 1968-1995. Décédé en
décembre 1996.
Des séjours à Nemours pour Honoré de Balzac, Victor Hugo,
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