Article publié par Danièle
Le fluvial dans la guerre de 14-18
Les pièces d’artillerie offertes
par la Marine ont une portée permettant des tirs sur les arrières ennemies et
une puissance capable de détruire des objectifs abrités. Ces pièces firent l’objet de montages les
plus variés : sur canonnières, péniches fluviales, affûts terrestres fixes
ou mobiles.
Après la stabilisation du front,
le Gouvernement décide la construction de canonnières fluviales dans les
arsenaux de Brest et Lorient d’après les plans établis en 1875 par l’ingénieur
Disière. Destinées à naviguer sur les canaux et les rivières, elles soutiennent
les opérations terrestres. En complément de ces canonnières, on utilise de
véritables péniches équipées de canons : les péniches porte-canons.
Que fait
le fluvial dans cette guerre ?
Il s’agit de
ravitailler en denrées, combustible et matériel de guerre les centres
militaires principaux ; de concentrer aux abords des frontières, une
flotte de bateaux suffisant pour faire face à l’évacuation des blessés ;
de servir de magasins aux réserves de munitions.
Les péniches
porte-canons sont les péniches réquisitionnées par l’Armée de Terre et armées
par la Marine de canons de gros calibre : 138,6mm, 164,7mm, 190mm et
240mm.
Les
péniches porte-canons de 138,6mm dans la région de Verdun :
Dans le but d’avoir une réserve d’artillerie mobile
susceptible d’être employée, soit sur le front nord, soit sur le front sud-est
de Verdun, dès 1914 on pense à utiliser des péniches armées de canons de
138,6mm, pouvant se déplacer le long du canal latéral à la Meuse. De ce fait,
deux péniches sont réquisitionnées : les « Alsace-Lorraine » et
« Jean Gouin ». Elles exécutent un certain nombre de tirs au cours de
l’année 1915 soit au Nord soit au Sud de Verdun, ce sont les péniches
« combattantes » de Verdun.
Les
« Marne » et « Sambre et Creuse » sont des péniches
réquisitionnées qui avaient seulement reçu l’équipement permettant la mise en
place éventuelle de canon de 138,6mm.
Dès la fin de 1914, l’emploi de péniches portant un
canon de 160mm est envisagé. Ainsi la « Saint-Joseph » armée d’un
canon de 160mm opère d’abord sur le canal de la Marne au Rhin, elle est envoyée
ensuite en Champagne sur le canal de l’Aisne à la Marne et participe à
l’offensive de la Malmaison en septembre 1915.
Une seconde
péniche est utilisée sur le canal de Belgique dans le voisinage de Loos en mai
et juin 1915, elle est désarmée en juillet 1915.
Les
péniches porte-canons de 190mm et 240mm dans les offensives de 1917 et
1918 :
En 1916, le commandant Jehenne propose au Haut
Commandement l’installation sur péniches de canons de gros calibres (190mm et
240mm). En février 1917, une première péniche, la « Marcelle » est
disposée à Janville (Oise) pour recevoir un canon de 190mm. Elle part pour la
Champagne le 7 avril et effectue son premier tir le 14 sur le canal de la Marne
à l’Aisne.
La seconde péniche, la « Jeanne-d’Arc »
est d’abord armée en mai 1915 d’un canon de 164,7mm pour combattre le canon de
380mm allemand de Predikboom qui tire sur Dunkerque ; son canon éclate
mais est remplacé par un canon 190mm ; elle constitue avec la
« Marcelle » une batterie rattachée au 1er groupe de
canonnières fluviales qui participe également aux opérations de Champagne.
En juillet 1915, le canon de la
« Jeanne-d’Arc » est débarqué pour être employé à terre dans un
ouvrage casematé. Le personnel et le matériel de l’ouvrage
« Jeanne-d’Arc » restent affectés à cette dernière formation et sont
envoyés dans un ouvrage à Saint-Crépin (nord de Compiègne) pour participer aux
opérations prévues dans cette région. Cette méthode était couramment employée.
Ainsi dans la casemate de Machemont, un canon de marine et une troupe de
canonniers marins étaient également en exercice.
D’autre part, en juin 1917, une troisième péniche,
la « Saverne » est équipée d’un canon de 240mm. Elle effectue ses
premiers tirs sur le canal de l’Aisne à la Marne le 8 septembre 1917 et reste
en action dans cette région.
Ces trois péniches constituent le 20 janvier 1918,
le 5ème groupe de canonniers marins sous les ordres du Lieutenant de
vaisseau Quesnel. Le 30 mars, il part pour l’Oise, arrive à Ribécourt le 7
avril où il exécute jusqu’au 23 des tirs dans la région de Noyon. Il reste
ensuite en alerte à Ribécourt jusqu’au 30 mai où il fait route pour l’Aisne en
vue de coopérer aux opérations d’arrêt de l’offensive allemande déclenchée le
27. Après un tir déclenché le 31 d’un point en amont de Vic-sur-Aisne, le
groupe se replie sur Choisy-au-Bac, remonte l’Oise le 4 juin jusqu’à Pimprez et
y fait un tir le 5. Le 6 juin, le canal se crève et oblige le groupe à passer
en aval de l’écluse de Janville. Le 10 juin, le groupe participe à la défense
de la région du Matz contre l’offensive allemande déclenchée la veille entre
Noyon et Montdidier ; il y opère jusqu’au 28 juin. Le 12 juin 1918, la
« Marcelle » reçoit un obus de gros calibre lors de la bataille du
Matz, elle est incendiée.
Le 17 juillet, la « Jeanne d’Arc » et la
« Saverne » repassent sur l’Aisne, et y restent en action jusqu’au 2
septembre.
Le 5ème groupe part pour la Champagne le
15 septembre, avec une nouvelle péniche la « Marcelle II », ancienne
péniche « Baldwin » sur laquelle est installée la pièce de 190mm de
la « Marcelle ».
Après avoir
contribué à la remise en état du canal de la Marne au Rhin, les péniches
« Jeanne d’Arc », « Marcelle II », et « Saverne »
arrivent à Strasbourg le 10 janvier 1919 et sont affectées à la flottille du
Rhin.
Les péniches porte-canons, de part leur conception
originale et simple, associant au moindre coût une artillerie puissante à un
moyen de locomotion non spécifique fournirent un appoint non négligeable à
l’éventail des possibilités des unités fluviales, dont elles assurèrent seules
les missions à partir de 1918.
Canon de 190mm : obus de 80kg ; distance
de 13kms.
Canon de 240mm : obus de 140kg ; distance
de 17kms.
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